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de Charleroi
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La "Basilique" Saint-Christophe


Au cœur du village de Charnoy se situait une église dédiée à Saint-Christophe, patron du passage des eaux, à proximité du confluent de la Sambre et du ruisseau de Lodelinsart, au pied d’un éperon rocheux. Cette église, dépendant de Dampremy, bourg plus important, semble déjà exister à l’époque de Notger (972-108).

Certains plans renseignent l'emplacement du village et de l'église de Charnoy au pied de la forteresse. Extrait de la carte P. Charle Roy au Comté de Namur, 1666, Bibliothèque Nationale de France. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8494516c

Lors de la création de la forteresse de Charleroi par les espagnols en 1666, l’église de Charnoy est préservée et côtoie désormais les fortifications. Devenu maître de Charleroi en 1667, Louis XIV charge Vauban de relever la forteresse en partie démolie, et d’en améliorer les défenses. Ce qui reste du village de Charnoy disparaît alors à jamais, rasé pour permettre les agrandissements des ouvrages défensifs. L’ancienne église Saint-Christophe de Charnoy est également démolie. Le registre paroissial de Charnoy est tenu jusqu’à cette période ; le dernier élément qui y est repris concerne un décès en date du 26 avril 1667.

Louis XIV décide la même année la construction d’une chapelle au cœur de la forteresse dédiée à Saint-Louis, ancêtre de Louis XIV. Initialement dédiée à la garnison, elle est élevée au rang d’église paroissiale après la démolition de l’église de Charnoy. Une pierre millésimée « 1667 » témoigne aujourd’hui de cette première église de Charleroi, installée dans le porche d’entrée de la basilique Saint-Christophe.

La population de la forteresse, redevenue espagnole suite au traité de Nimègue de 1678, s'accroit rapidement. L’abbé Chausteur entreprend d’ériger un sanctuaire plus grand pour accueillir les fidèles. Philippe V autorise en 1709 la construction d'une église plus vaste ; il faudra cependant attendre treize années avant que le projet ne commence à se concrétiser.

Eglise Saint-Christophe au début du XXième siècle. Carte postale ancienne, Edition V.P.F.

En mai 1722, les travaux débutent, grâce notamment à la générosité du gouverneur de la forteresse, le général baron Jacques Henry de Pattey. Les travaux vont bon train durant une année, mais faute de ressources, le chantier ne peut se poursuivre. Le chœur est alors déjà construit, ainsi que la sacristie ; les fondations du reste de l’édifice sont réalisées. C’est à cette époque également que le culte de Saint-Christophe revient à Charleroi : l’église est  nouveau placée sous le patronyme de Saint-Christophe.

Les travaux ne reprennent que vers 1777-1778 : l’Impératrice Matrie-Thérèse d’Autriche autorise la démolition de l’ancienne église, et la concrétisation des projets de l’ancien abbé Chausteur. Les plans initiaux sont légèrement modifiés, mais l’édifice est terminé en 1781.

Après la Révolution française cependant, l’église est dans un piètre état. Charleroi a été bombardée par l’armée de Jourdan du 18 au 24 juin 1794. Des bombes et des boulets s’abattent sur Saint-Christophe, occasionnant de nombreux dégâts.

Dès 1801, l’abbé Maximilien Ponlot reprend ses fonctions et s’attèle à la restauration de l’édifice. Il trouve à l’ancienne abbaye Sainte-Marie d’Oignies à Aiseau de quoi restaurer et meubler l’église de Charleroi : le pavement en marbre, des lambris en marbre, trois autels, plusieurs tableaux représentant des saints, la chaire de vérité, des confessionnaux, les orgues, une cloche,… Un tabernacle de l’Abbaye d’Aulne, daté de 1603, rejoint également Charleroi.

En 1832, la façade est rehaussée d’un clocheton, en désaccord avec le style de l’édifice.

L’église bénéficie d’une véritable restauration en 1863, menée par l’architecte Auguste Cador. Les éléments en calcaire de la Sambre qui décoraient la façade baroque sont alors remplacés par des éléments en pierre d'Ecaussinnes. En 1905-1906, l'édifice est à nouveau restauré : la pierre millésimée 1667 timbrée du lys de France, relique de l'ancienne chapelle Saint-Louis, est alors incorporée dans la nef. L’électricité est également installée.

Place Charles II durant la Seconde Guerre mondiale

Dès 1923, le conseil de fabrique émet le souhait de voir l’église à nouveau restaurée, victime de dégâts miniers. Le projet de restauration prévoir un agrandissement dans la largeur de l’édifice en reculant les murs des nefs latérales. Le projet d’agrandissement n’aboutit pas, mais deux portes latérales sont néanmoins percées, donnant sur des ruelles longeant l’église, afin d’améliorer la circulation des fidèles, trop nombreux pour cette petite église. Le chanoine Pierre Harmignie fait également réparer et améliorer les orgues provenant de l’ancienne Abbaye de Sainte-Marie d’Oignies.

En 1942, l'église est classée comme monument.

Le 17 août 1944, Oswald Englebin, bourgmestre rexiste de Charleroi, est abattu par des résistants, ainsi que des membres de de sa famille. L'état-major rexiste de Bruxelles engage des mesures de représailles dans la région de Charleroi : le 18 août 1944 à l’aube, 19 otages, principalement des notables de Charleroi ou des proches de ceux-ci sont abattus à Courcelles. Le Doyen Pierre Harmignie fait partie des victimes. Ce massacre provoque un profond émoi dans la population.

Transformation de l'église Saint-Christophe, années 1950

Lors des funérailles officielles de Pierre Harmignie, en octobre 1944, le bourgmestre Joseph Tirou émet le vœu d’ériger à Charleroi une basilique en mémoire des victimes de la tuerie de Courcelles.

Les travaux de transformation et de modernisation de Charleroi, démarrés dès les années 1930, reprennent après la fin de la guerre. Le centre-ville est littéralement transformé et l’architecte Joseph André érige plusieurs infrastructures affirmant le rôle de capitale régionale de Charleroi. Auteur notamment de l’Hôtel de Ville, du Palais des Expositions et du Palais des Beaux-Arts, et sera également l’architecte de la transformation de Saint-Christophe.

Les travaux de construction de la basilique débutent en 1955. Deux ans plus tard, les fidèles découvrent leur nouvelle église, le 24 décembre 1957. Le 15 et le 16 mars 1958, l’évêque de Tournai consacre l’édifice.

Joseph André métamorphose l’ancienne église : le sens d'orientation de l'église est modifié. La basilique se présente en deux axes : un axe ancien, composé d'éléments de l'ancienne église de 1722/1778, et un axe moderne. Un dôme de cuivre patiné culmine à 48 mètres de hauteur à la jonction des « deux » églises. Un campanile, haut de 32 mètres, est érigé en bordure de la rue Charnoy afin d’y héberger les cloches.

Nouveau choeur de l'église Saint-Christophe

Une mosaïque de 200 mètres carrés, due à Jean Ransy et réalisée à Venise, prend place derrière le nouveau chœur. Composée de millions de petits blocs de verre colorés dans la masse afin de mettre vie aux différentes scènes, son arrière-plan est intégralement composé de fines feuilles d'or recouvertes d'une fine pellicule de verre. Elle évoque l'Apocalypse, selon Saint-Jean.

L’édifice conserve aujourd’hui de nombreux éléments du passé : la pierre millésimée témoigne de l’ancienne chapelle de garnison ; l’ancien chœur est celui de 1722 ; les murs de l’ancienne nef et la façade sont ceux de l’église reconstruite en 1778. Le pavement de marbre et les lambris de l’ancien chœur proviennent d’Oignies, tout comme les anciens confessionnaux,… Une cloche provient de l’ancienne Abbaye de Villers-la-Ville, datée de 1760 ; une autre provient d’Oignies (1790).

A noter que si le bâtiment transformé offre les allures d'une basilique, il ne reçut jamais ce titre : c’est bien comme église que l’édifice fut consacré en 1958. Par tradition néanmoins, les carolorégiens utilisent le terme basilique pour désigner l'édifice.


POUR Y ACCEDER

Basilique Saint-Christophe
Place Charles II
6000 Charleroi

Métro Palais / Parc

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