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L'Eglise Saint-Laurent


Eglise Saint-Laurent - Tour romane du XIième siècle

L'église Saint-Laurent de Couillet est l'un des derniers bâtiments de la région parfaitement conservés de style gothique, prospère au XVIième siècle dans la région. Saint-Laurent est l’un des plus beaux exemples d’églises gothiques hennuyères. La tour et un fragment de la façade ouest datent du XIième siècle. La voûte du chœur en bois polychrome représente le martyre de Saint-Laurent, et date de 1588.

Origine de Saint-Laurent

Le centre du village de Couillet se situait originellement aux Fiestaux. En 1429, le hameau des Fiestaux et son église dédiée à Sainte-Catherine sont détruits en représailles de faits de guerre. Le hameau et l’église restent à l’état de ruines ; les habitants préfèrent s’établir à proximité de la Sambre, près de la chapelle Saint-Laurent et du château seigneurial, lieu à leurs yeux plus sécurisé. Le quartier prend alors le nom de « village », dénomination qu’il conserve toujours aujourd’hui.

Dans le village se situait à l'époque carolingienne un modeste sanctuaire à nef unique. Au XIième siècle, une tour massive, de style roman, y est adossée. D’autres villages voisins possédaient déjà des tours puissantes, comme celle de l’église Saint-Martin à Marcinelle. La tour de Couillet ne comportait pas de porte donnant sur l’extérieur (la porte actuelle fut ouverte au XIXième siècle), et son premier étage n’était accessible qu’au moyen d’une échelle que l’on pouvait enlever. Le premier étage était muni d’une cheminée, et ne disposait que d’une meurtrière. Un second étage servait de poste de guet. La chapelle était entourée d’un cimetière, ceinturé par un mur fortifié.

La tour servait certainement à la défense. La Sambre ne coulait originellement qu’à 200 mètres de l’église, et un gué se situait à proximité. Le tracé de la rivière fut rectifié dans la première moitié du XIXième siècle, éloignant l’église des bords de la Sambre. Entre l’église et le Sambre ne devaient se trouver que des champs.

Eglise Saint-Laurent après restauration par l'architecte Cador. Carte postale ancienne, Edition Bertels

L’agrandissement de la chapelle est décidé au début du XVIième siècle. La nef est rehaussée, deux nefs latérales sont érigées, ainsi qu’un nouveau chœur. La tour romane est conservée. Le mur latéral nord, orienté vers la Sambre, est percé de meurtrières, confirmant le rôle stratégique du site. L'ensemble de cette église de la fin de l'époque gothique est aujourd’hui entièrement conservé.

L’environnement de Saint-Laurent change considérablement dès le XIXième siècle. Couillet devient l’hôte de nombreuses industries lourdes, attirant des milliers de nouveaux habitants sur son territoire. Des hauts fourneaux, une verrerie, des ateliers de construction,… s’installent dans les anciens champs au nord-est de Saint-Laurent. Jacques Bertrand immortalise l’église et son environnement dans « Lolotte » : « Su l'bôrd dè Sambe, èt pièrdu dins l'fuméye, Wèyèz Couyèt avè s'clotchî crawieûs ». Les espaces verts à proximité de l’église disparaissent ; l’ancien cimetière est raboté pour permettre l’élargissement de voiries. D’autres rues disparaissent, englobées dans les installations industrielles.

A la fin du XIXième siècle, l’architecte Cador restaure l’édifice, dans l’esprit de l’architecte français Viollet-le-Duc. Cador restaure mais transforme également le bâtiment : il accentue considérablement la flèche de l’église, ajoute des lucarnes décoratives,… ainsi qu’un petit porche d'entrée, directement inspiré d'un modèle de VioIlet-le-Duc.

Au début du XXième siècle, le « village » perd lentement en importance, coincé entre Sambre, voies ferrées et industries.

En 1920, Saint-Laurent est inscrite par la Commission royale des Sites et Monuments dans la 3ième catégorie des édifices religieux.

Restauration de Saint-Laurent

Eglise Saint-Laurent

Bien que classée le 25 août 1937, l’église est en mauvais état. Victime de dégâts miniers, Saint-Laurent est menacée de disparaître. Comme pour l’ancienne église de Marcinelle, un comité est créé afin de sauvegarder l’édifice et afin de recueillir des fonds pour permettre sa restauration. Le 8 octobre 1937, le conseil communal de Couillet décide la restauration de l’église. Une première adjudication a lieu début 1940, mais la guerre vient interrompre les travaux. En 1947, l’état de l’église est tel qu’elle est fermée aux fidèles. Les travaux s’ouvrent en 1949.

Ces travaux de restauration permettent d’approfondir l’histoire du lieu. Les fondations d’un sanctuaire carolingien sont découvertes. Une partie de l’église actuelle et la tour reposent sur ces mêmes fondations. Ces travaux sont dirigés par l’architecte Simon Brigode, qui tente de redonner à l’église son aspect d’avant les transformations du XIXième siècle. Brigode supprime de nombreuses interventions effectuées par Cador, mais conserve le porche d’entrée, lui trouvant une utilité ainsi qu’une structure harmonieuse, bien que légèrement retravaillé.

L'intérieur de Saint-Laurent se démarque par la légèreté de sa structure. Les piliers sont fortement distants, et relativement faibles. Il ne faut pas y voir un génie des constructeurs, mais plutôt une inconscience. Le bâtiment est érigé sur l'ancien lit de la Sambre, sans véritables assises, sur un sol spongieux. Les mouvements miniers n'améliorèrent pas la situation. Des ancrages métalliques furent nécessaires pour neutraliser la poussée des voûtes lors d'une précédente rénovation. Brigode prolonge de cinq mètres les faibles fondations de l'église grâce à des murs en béton. 

Le 25 juin 1950, l’église est rendue au culte.

Eglise Saint-Laurent - Voûte du chœur en bois polychrome (1588)

Le « trésor » de Saint-Laurent est redécouvert lors de cette dernière rénovation. Réalisée en 1588, et cachée sous une voûte en plâtre au-dessus du chœur, une voûte en bardeaux de chêne, décorée de peintures, est mise à jour. L’ensemble est alors en mauvais état, victime de l’humidité et du temps : les peintures s’effacent au simple toucher. Chacune des planches fut démontée et envoyée à Bruxelles afin d’y refixer la peinture. Aucune retouche n’a été effectuée, conservant le décor dans son état. Seules quelques planches où la décoration avait disparu furent traitées avec un fonds légèrement teinté pour s’harmoniser avec l’ensemble.

Sur un fonds clair se détachent de grands médaillons et des feuillages en rinceaux, encadrant les monogrammes du Christ et de la Vierge. Les panneaux représentent le roi David, Saint Jean-Baptiste, le martyre de Saint-Laurent, et le martyre de Sainte-Catherine. L’ensemble est parcouru par une longue inscription dont seuls quelques fragments sont encore présents.

Une statue de Saint-Laurent ainsi qu’un ancien bénitier du XIIième siècle sont les rares pièces qui témoignent du mobilier ancien. Trois fragments du retable de Saint-Laurent, daté du XVIième siècle, sont aujourd’hui conservés au Trésor de la Cathédrale de Tournai.


POUR Y ACCEDER

Eglise Saint-Laurent
Place communale
6010 Charleroi (Couillet)

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