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L'Exposition Internationale de Charleroi de 1911


Charleroi Exposition : Organe officiel de l'Exposition de Charleroi de 1911 - Le Commerce couronne l'Industrie, les Arts et le Travail

Au cours du XIXième siècle, Charleroi devient un puissant centre industriel. Les autorités communales souhaitent alors affirmer la position de la ville en tant que centre économique et commercial d’une région en plein essor.

L'Exposition Internationale de 1895

En 1895, une « Exposition internationale, industrielle, commerciale, agricole et horticole, avec annexes scientifiques et artistiques et concours ouvriers » se tient à Charleroi. Elle est organisée par Monsieur A.-G. Herbulot, avec le concours de Mr Jacques Motte et Mr Misonne. Placée sous le patronage de l'Administration Communale, l’actuel boulevard Janson, alors très peu bâti, est choisi pour accueillir l’événement, à proximité des écoles de la Ville-Haute ; le siège et bureaux sont situés rue du Laboratoire. Elle a une superficie de 15.000 mètres, dont 5.000 entièrement couverts, représentant quatre galeries très étendues et une immense brasserie où des concerts et spectacles variés sont donnés. Les travaux d’aménagement du site débutent en janvier 1895.

L’Exposition ouvre ses portes le 13 avril 1895, et se tient jusqu’en octobre. Elle comprend les produits de l’industrie, des arts, de l’agriculture, de l’alimentation, de l’économie domestique, de l’hygiène, de l’électricité et des produits des colonies. Différents concours et animations sont organisés pendant toute la durée de l’événement. Les exposants y sont nombreux, mais les grandes industries locales sont absentes. Si elle ne rencontre au final qu’un succès mitigé, elle permet à la ville d’organiser l’un de ses premières grandes manifestations, qui servira de répétition à l’Exposition de 1911.

L'Exposition Internationale de 1911

L’idée d'organiser une nouvelle exposition à Charleroi est évoquée dès 1907 par quelques dirigeants de la Chambre du commerce. Le projet va cependant prendre un développement considérable.

Les organisateurs souhaitaient mettre en avant le savoir-faire et les ressources culturelles, commerciales et économiques du bassin carolorégien, du Hainaut, mais également des autres provinces wallonnes. La tenue de l'Exposition permet également de mettre en valeur les nouveaux bâtiments de l’École supérieure industrielle (Université du Travail).

Le site sélectionné se situe au nord de la ville, sur les terrains libérés des anciennes fortifications et non encore urbanisés (zone entre l'avenue de Waterloo et le square Hiernaux). L'ancien cimetière de la ville, désaffecté en 1910, est intégré au site de l'Exposition et transformé en jardins. La pose de la première pierre a lieu le 20 juin 1910, les travaux de construction sont réalisés en moins d'une année.

L'Exposition Internationale de Charleroi de 1911 ouvre ses portes du 29 avril au 1er novembre 1911, accueillant plusieurs centaines de milliers de visiteurs attirés par les nombreuses activités proposées : concours, fêtes cinématographiques, expositions thématiques, conférences d'art,... Le roi Albert et la reine Elisabeth visitent les lieux le 10 juillet.

Au lendemain de la fermeture de l'Exposition, la grande majorité des constructions disparaissent, n'étant pas conçues pour perdurer dans le temps. Contrairement à l'Exposition de 1895, l'édition de 1911 fut l'objet de nombreux clichés photographiques et d'un Livre d'Or en deux tomes, témoignant de l'ampleur de cette manifestation qui mit durant quelques mois le Pays de Charleroi en lumière.

Photographies de l'Exposition

Construction des infrastructures du site

La cérémonie de pose de la première pierre de l'Exposition a lieu le 20 juin 1910, en grandes pompes et en présence de nombreux notables, sur les terrains de la porte de Waterloo. La construction des différentes et multiples infrastructures prend moins d'un an dans un espace de 25 hectares ; l'Exposition Internationale de Charleroi ouvre ses portes le 29 avril 1911.

 

L'entrée principale de l'Exposition

L'entrée principale est l'oeuvre de Gabriel Devreux. Fils du bourgmestre Emile Devreux, il tombera au combat le 17 août 1917 à Adinkerque. Il signe également les plans de plusieurs pavillons du site, notamment celui du Service électrique, qui existe toujours aujourd'hui.
Erigé comme la majorité des structures en matériaux non durables, cette porte aux allures d’arc de triomphe s'érigeait entre les deux grands halls.

 

   

« On entre à l'Exposition en venant de la ville de trois côtés : par le boulevard Defontaine, par le boulevard Marie-Thérèse [actuellement Solvay], et enfin, par l’avenue de Waterloo.

C'est ici que se trouvent l'entrée principale et les barrières guichets. On les franchit juste en face de l'arcade monumentale que domine un Génie, au dessus d'une couronne et de la lettre A., initiale royale.

De l'arcade monumentale, partent de chaque côté deux ailes dont la très belle façade, ensemble de colonnades corinthiennes, se détache admirablement sur un fond de pourpre. (...) Le bel effet de cette façade [fut] conçue par M. Gabriel Devreux ».

In Journal De Charleroi, 30 avril 1911

« Les connaisseurs qui, chaque jour, analysent le détail sculptural de l'arcade, des tourelles, des portes, des colonnes, etc., admirent sans réserve les trouvailles et les ingénieuses applications de M. l'architecte Gabriel Devreux, et ne ménagent pas à celui-ci les encouragements et les félicitations ».

In Une semaine au Pays Noir : Guide officiel illustré

 

Les Halls, Pavillons et exposants

Le long des chemins et allées, à côté des brasseries et restaurants, prennent place de nombreux pavillons, tels que la Maison du Peuple, le Pavillon Warocqué, le Palais des Travaux Féminins, le pavillon des Patrons Boulangers, les pavillons Delhaize Frères et Adolphe Delhaize, ceux des Ouvriers Réunis et de La Concorde,...

Le Hall de l'Industrie, de 19.500 mètres carrés, et le Hall des Machines, de 11.000 mètres carrés, accueillent les stands de nombreux exposants regroupés par thème et provenant de la région de Charleroi, mais également des quatre coins du pays (Ateliers Detombay, Tabacs Tirou-Diricq, Pianos De Heug, Habitations ouvrières, Charbonnage de Sacré-Madame, les Ateliers Germain, le Ministère des Colonies, la Ville de Mons,...).

     

 

La Salle des Fêtes

La grandiose Salle des Fêtes se situait le long de l'actuel boulevard Joseph II, au croisement de la rue Isaac. Son entrée faisait face au pavillon du Service électrique de l'Exposition, toujours visible au croisement des boulevards Joseph II et Drion. Le site accueille de nombreux concerts, des expositions, des distributions de prix... 

 

   

« Le boulevard (...) nous amène tout de suite devant le vaste Palais des Fêtes, édifié près de l'entrée située à l'extrémité du boulevard Joseph II.

Ce monument, dont les plans sont dus à M. J. Hasse, architecte-directeur de l'Exposition, est conçu en style Louis XVI et a une allure imposante. Ses dimensions extérieures sont relativement considérables : 70 mètres sur 50. La grande salle intérieure a 50 mètres de longueur et 25 mètres de largeur. Il est facile d'y caser 1.800 à 2.000 personnes assises, et 4.000 personnes peuvent aisément s'y tenir debout. Le fronton de la façade ne se trouve pas à moins de 20 mètres de hauteur. Le péristyle, qui se développe sur toute la longueur de la façade, est d'un effet particulièrement gracieux ».

In Une semaine au Pays Noir : Guide officiel illustré

 

Les allées et jardins

L'Exposition présente des jardins étendus, des allées arborées où les visiteurs, après la visite des halls et des attractions, peuvent se reposer. En 1910, l'architecte des jardins Duquenne fait l'acquisition de nombreuses essences d'arbres destinés aux allées et bosquets. L'ancien cimetière de Charleroi, désaffecté, est annexé au site de l'Exposition ; les deux anciennes colonnes corinthiennes qui ornaient l'entrée de la nécropole témoignent du passé du site. Elles seront par la suite déplacées à l'entrée du Parc Reine Astrid.

   

 

   

« M. L'architecte Duquenne est également fort complimenté pour la disposition des parterres fleuris de l'entrée principale, près de laquelle ont également été creusés deux grands bassins ».

In Une semaine au Pays Noir : Guide officiel illustré

« Nous longeons maintenant le Parc du Repos. Nous n'évoquerons pas le passé et nous nous contenterons de constater que ce qui fut l'ancienne Nécropole est maintenant transformée en le plus gracieux assemblage de parterres, de corbeilles. M. l'architecte de jardins, Duquesne, a réalisé ici un véritable tour de force. C'est grâce à lui que nous admirons maintenant le vallonnement qui s'étend au pied du terril encadrant un étang et des cascades.

De petits pavillons, des kiosques, sont ça et là disséminés ».

In Journal De Charleroi, 30 avril 1911

 

Le "Japon Fleuri"

Aménagé dans le vallon du Spiniat , non encore totalement nivelé, le « Japon Fleuri » accueillait les visiteurs dans une reconstitution du Pays du Soleil Levant, comprenant ruisseaux, ponts pittoresques, théâtre, musée, maison de thé, pagodes, lanternes,… Vingt-trois lutteurs, dont le champion du monde, ainsi que plusieurs artisans japonais montraient leur savoir-faire. 

 

   

« Un large boulevard à traverser, et nous voici en plein Village Japonais. Celui-ci comprend une soixantaine de maisonnettes, un théâtre, un musée, un temple, deux maisons de thé et d'autres établissements, parmi lesquels le Pavillon fleuri, un véritable bijou.

Deux ruisseaux, sur lesquels sont jetés quelques ponts japonais, entretiennent la fraîcheur dans ce quartier exotique.

Chaque maisonnette est entourée d'un petit jardin aménagé à la mode japonaise. Le Village est peuplé d'artisans nippons authentiques qui confectionnent sous les yeux du public ces admirables objets d'art et de décoration auxquels nous attachons un si grand prix. Dans le temple sont régulièrement célébrés les exercices du culte, suivant les rites de la religion nationale. Une troupe d'artiste donne au théâtre une représentation continue, pendant toute la journée. Le service des maisons de thé est fait de la même façon que dans les établissements analogues de l'Empire Nippon. Enfin, dans le Musée des Beaux-Arts est réunie une superbe collection d'oeuvres d'art de tout genre qui n'ont jamais été exposée sur le continent.

L'entrée principale du Village Japonais représente un temple fameux de Tokio ».

In Une semaine au Pays Noir : Guide officiel illustré

 

Le "Luna Gardens Attractions"

Accessible par un pont surplombant les rue du Mambourg et de la Garenne, le « Luna Gardens » proposait de nombreuses attractions, dont certaines à sensations fortes : « Roue joyeuse », « Maison hantée », « Royaume du plaisir », « Water-chute », « Railway Scenic »,…  Le 19 juillet, un incendie se déclare dans l'atelier de menuiserie du Railway Scenic, provoquant d'assez importants dégats : le Scenic est en partie détruit, ainsi que plusieurs stands situés à proxmité. Les pompiers arrivent à préserver l'orphelinat, qui voisine l'arrière du Scnenic. Les différentes structures sont cependant reconstruites, l'Exposition durant encore plusieurs mois.

 

   

« Nous nous trouvons tout à coup devant l'entrée d'un pont-galerie de 75 mètres de longueur sur 15 mètres de largeur, qui nous conduit à la Plaine des Attractions, en passant au-dessus des rues du Panorama et du Mambourg.

La Plaine des Attractions – alias Luna Gardens – est établie dans l'ancien Parc de la Garenne, où elle occupe une superficie d'environ deux hectares et demi.

On y trouve notamment un Scénic-Railway, dont le parcours atteint presque deux kilomètres, un Water-Chute, qui dévale d'une hauteur de 16 mètres sur un plan incliné de 60 mètres de longueur.
On y a installé également la Roue joyeuse, la Maison joyeuse et bien d'autres attractions encore, parmi lesquelles des nouveautés sensationnelles, qui font les délices de tous les amateurs d'émotions.

Le périmètre de la plaine est occupé par un Village espagnol, dont les habitants reconstituent exactement les moeurs et coutumes de leur pays.

Des restaurants, brasseries et débits divers complètent l'ensemble, qui est devenu, dès le premier jour, le lieu de rendez-vous de tous les gens qui aiment rire et s'amuser ».

In Une semaine au Pays Noir : Guide officiel illustré

 

Vestiges de l'Exposition

L'Exposition, un véritable succès, ferme ses portes le 1er novembre 1911. Très peu de vestiges de cette importante manifestation existent encore aujourd'hui dans le centre de Charleroi, la presque totalité des structures n'étant pas destinées à être conservées. Les terrains libérés, une urbanisation du nord de la ville s'amorce avant la Première Guerre mondiale, et s'amplifie au lendemain du conflit. Le pavillon du Service électrique de l'Exposition et les bâtiments Gramme (1907-1911, inauguré dans le cadre de l'Exposition) et Solvay (1911) de l'Université du Travail en sont les derniers témoins.

 

 



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