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Rue de Marcinelle


La rue de Marcinelle est l’une des plus anciennes rues du centre de Charleroi. Elle fut tracée lors de la fondation de la Ville-Basse, sur le territoire de Marcinelle, en 1675. Louis XIV ordonne alors la construction d’une « basse ville » sur la rive droite de la Sambre afin d’étendre la forteresse vers le sud, et afin de défendre un pont permettant la traversée de la Sambre. Au centre de la Ville-Basse, une place, d’où partent plusieurs artères. L’une d’elles permet de rejoindre le village voisin de Marcinelle en terre liégeoise ; à la hauteur de l’actuelle rue Navez se situait la Porte de Marcinelle, l’une des portes d’accès de la forteresse.

Rue de Marcinelle (détail carte postale ancienne, éditeur inconnu)

Ce n’est que le 30 juin 1860 cependant que les autorités communales décidèrent officiellement de baptiser la rue de ce nom.

En 1854, quatre Sœurs de Notre-Dame arrivent de Namur à Charleroi. Elles s’installent dans un hôtel particulier du XVIIe siècle, dont la façade est aujourd’hui l’une des dernières de cette époque à Charleroi. Grâce à une donation de Marie Puissant d’Agimont, les Sœurs ouvrent le 24 avril 1854 un établissement scolaire afin de « procurer aux jeunes filles pauvres catholiques de la Ville-Basse de Charleroi, le bienfait d’une éducation religieuse ». Des classes sont également organisées pour les jeunes filles adultes. De 60 jeunes filles en 1855, le nombre d’élèves, garçons et filles, atteint aujourd’hui environ les 1.500. Au fil du temps, l’établissement scolaire va s’étendre, annexant des bâtiments situés dans les rues Ferrer et Peine Perdue ainsi que sur le quai de Brabant. La façade de la rue de Marcinelle subit également un rehaussement, conséquence d’un agrandissement de l’établissement.

Le 6 juillet 1867 paraît l'arrêté royal prescrivant la démolition des fortifications de Charleroi ; cette décision met fin à une histoire militaire de deux siècles. Les travaux de démantèlement débutent officiellement en 1869. Charleroi se transforme pendant deux années en un vaste chantier ; les travaux s'achèvent en 1871. Plusieurs artères qui débouchaient sur des portes ou des ouvrages de fortifications sont prolongées afin de permettre le développement de la ville. La rue de Marcinelle ne débouche désormais plus sur une porte, et est prolongée d’à peu près deux cents mètres, jusqu’à la jonction de la Sambre canalisée et de la « vieille » Sambre (boulevard Tirou actuel).

Institut Notre-Dame

En 1874, les autorités communales décident d’ériger de nouveaux établissements scolaires. Les Ecoles du Sud sont bâties en 1876 rue de Marcinelle, presque face à l’Institut Notre-Dame, dans le quadrilatère formé par les actuelles rues de Marcinelle, Navez, Ferrer et le boulevard Tirou. Elles sont agrandies en 1884, et déménagent en 1938-39 vers les rues de la Digue et du Grand Central.

En 1874 également, une navette sur rail tirée par des chevaux circule entre la Gare du Sud et la rue de Marcinelle, via la rue du Collège et la place de la Ville-Basse. Il s’agit là du premier essai de transport urbain à Charleroi ; les convois transportent passagers et marchandises.

En 1904, l’architecte gillicien Zacharie Clercx, l’un des architectes les plus en vue de l’époque, dessine les plans de quatre habitations contiguës (n° 34 à 40) formant un ensemble harmonieux de tendance Art Nouveau géométrique. Ces immeubles se distinguent toujours aujourd’hui par leur harmonie, dans une rue aux architectures multiples et contrastées.

Dans les années 1930, Fernand Lachapelle ouvre rue de Marcinelle son deuxième magasin de chaussures, dans un bâtiment formant le coin avec l'actuelle place Albert Ier. La rue de Marcinelle est alors l’une des plus prospères de Charleroi. Ce magasin à l'enseigne régionale bien ancrée s’y situe toujours, l’un des plus anciens du quartier.

Ensemble Art Nouveau par l'architecte Zacharie Clercx

Les projets du métro léger, pour la section Sud-Parc, prévoyaient dans les années 1980 de traverser la Sambre grâce à un viaduc qui déboucherait au premier étage de l'Institut Notre-Dame, quai de Brabant. Continuant son trajet sur quelques dizaines de mètres, traversant l’établissement scolaire, le métro aurait dû marquer un arrêt à la hauteur de la rue de Marcinelle, dans une station située au premier étage d'un complexe de bureaux à ériger. Selon les plans réalisés par l'architecte Constantin Brodzki, des moulages de sculptures grecques et romaines provenant du musée de Mariemont participeraient à la décoration de la station. Au début des années 1990, il est finalement décidé d’abandonner le bouclage de la ligne ceinturant le centre-ville. Les immeubles vétustes situés dans le quadrilatère formé par le boulevard Tirou, et par les rues Ferrer, de l'Ecluse et Léopold sont néanmoins rasés pour faire place à un complexe de bureaux, composé de deux bâtiments distincts. Au centre de ce complexe, une section de la rue de Marcinelle est condamnée à la circulation et transformée en patio, reliant les deux bâtiments modernes. C’est à partir de ce patio qu’il aurait été possible de rejoindre les quais de la station de métro. Véritablement coupée en deux par un bâtiment administratif abritant depuis 1995 les services de la Société wallonne du Logement et du FOREM, la rue de Marcinelle se compose désormais de deux sections distinctes, non contigües.

Entrée de la rue de Marcinelle, depuis la Place Verte

Témoins du passé militaire de la Ville-Basse, des casemates sont mises à jour lors de travaux de réfection de la voirie en 1995 ; la voirie est depuis ces travaux semi-piétonnière.

Le Port Autonome de Charleroi fut constitué le 29 juin 1971, afin de gérer et d'entretenir les équipements en bordure de la Sambre et du canal Charleroi-Bruxelles mais également afin de promouvoir le transport fluvial dans le but de valoriser les capacités économiques et industrielles de Charleroi. Un temps installé dans les locaux du Ministère de l'Equipement et des Transports (dernier bâtiment de la rue de Marcinelle, formant le coin avec le boulevard Tirou), le Port Autonome dispose de ses propres locaux administratifs au numéro 31 de la rue depuis 2003.

C’est à l’emplacement aujourd’hui occupé par le « Vecteur » que le « Théâtre du Vaudeville » ouvre ses portes dans les années 1970. Dans les années 80, le théâtre déménage vers le Passage de la Bourse afin de prendre possession de l’ancien Trianon. Le « Vecteur », espace culturel et lieu de spectacle, s’installe rue de Marcinelle en 2008. Géré par l’asbl Orbitale, le lieu héberge notamment une salle de projection cinématographique, de concerts et de conférences, une brasserie, et un appartement destiné à l’accueil d’artistes résidents. Une galerie d’exposition complémentaire est implantée de l’autre côté de la rue de Marcinelle, la « Galerie V2 », dans les locaux du Port Autonome.



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