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A la Ville de Verviers, premier "grand magasin" de Charleroi


Le Bon Marché et le Grand Bazar, début 1900. Détail carte postale ancienne, éditeur inconnu

En 1846 s’ouvre à l’Entre-Ville un magasin d’un genre nouveau : « A la Ville de Verviers ». Cette enseigne est l’une de celles créées par la famille Thiéry, qui, en quelques années seulement, va bâtir un véritable empire et fera fortune dans le secteur du commerce et de la distribution.

L’histoire des Thiéry, c’est avant tout une histoire familiale Lorraine. La famille travaille la terre, mais celles des Thiéry ne sont pas des meilleures. Jean-François Thiéry, le père de famille, se mue à la morte saison en colporteur. Il vend articles de mercerie, étoffes et bonneterie. Dès 1832, ne pouvant plus assurer la tournée, c’est Nicolas, un de ses fils, qui prend la relève, à l’âge de 14 ans seulement. Jean-François Thiéry continue à négocier l’achat de la marchandise auprès des grossistes, pendant que Nicolas se charge de la revendre sur les foires et les marchés, à travers villes et campagnes.

Bon Marché de Charleroi

Lors d’une de ses tournées, Nicolas apprend que la Wallonie, région industrielle en pleine expansion, pourrait se révéler être un marché prospère pour ses ventes. Il décide donc de s’y rendre, et contacte son père afin de lui faire part de ses projets, mais également de son besoin d’argent pour reconstituer un stock de draps à écouler. Le patriarche accède à sa demande et envoie un autre de ses enfants, François, rejoindre son frère pour le renflouer et lui venir en aide dans son affaire. Les deux frères se rencontrent à Charleroi en 1833.

Le projet de Nicolas est un succès, si bien qu’il décide de continuer dans cette voie. Il se rend dorénavant directement à Verviers pour se fournir en draps auprès des industries locales, évitant de passer par de multiples intermédiaires. Jean-François Thiéry décide de son côté d’ouvrir un magasin et un dépôt afin de faciliter le réapprovisionnement des deux frères ; le choix du père se porte sur Saint-Ghislain, dans le Borinage. L'enseigne « Thiéry frères » est née. Mais les Thiéry ne se contentent plus de vendre des draps : ils se lancent également dans la confection. Le magasin hennuyer est une réussite.

« A la Ville de Verviers »

Une première succursale est ouverte rapidement par les Thiéry : « A la Ville de Verviers » s’ouvre en 1846 à Charleroi, au pied de la Montagne, dans le quartier de l’Entre-Ville. Le quartier est commerçant et est le point de passage obligé dans l’enceinte de la forteresse pour se rendre de la Ville-Haute à la Ville-Basse, où les trains marquent une halte depuis peu.  

L’enseigne « A la Ville de Verviers » fait preuve de modernisme et applique de nouveaux concepts commerciaux : l’entrée pour y découvrir la marchandise y est libre, les prix sont affichés, et fixes : il n’est plus question, comme dans le passé, de marchander.

Le magasin de Saint-Ghislain va donner naissance à des dizaines d’enseignes, qui donneront elles-mêmes naissance à de nombreuses autres.

Si l’on ne s’attarde que sur Charleroi, les Thiéry sont à l’origine des magasins :

  • « A la Ville de Verviers », rue de Montigny ;
  • « A la Vierge Noire », au coin de la rue du Pont de Sambre et de la rue de Montigny, à l’emplacement actuel de l'Innovation ;
  • « Au Dôme des Halles », qui succéda à l’enseigne « A la Ville de Verviers » ;
  • « A la Redingote Grise », décoré en façade d’une fresque représentant Napoléon (le bâtiment, scindé en deux depuis, abrita notamment le café « Le Napoléon », sur la place Charles II) ;
  • Le « Palais de l'Industrie », au croisement de la rue de la Montagne et du boulevard Audent, …
Grands Magasins Raphaël (coin Montagne / Yser)

En 1854, les deux frères Thiéry se séparent. A Charleroi, Nicolas fonde par la suite « A la Redingote Grise », et François le « Palais de l'Industrie » ; c’est d’ailleurs dans son appartement situé au troisième étage du grand magasin que François mourut en 1891.

Autres enseignes

Les Grands Magasins fleurissent un peu partout dans les grandes villes d’Europe. A côté de ces enseignes, d’autres s’installent dans le centre de Charleroi : le « Bazar de la Gare », le « Bazar de la Bourse », les « Grands Magasins Raphaël » (coin Montagne/Yser), le « Bon Marché » (lié également au Thiéry),…

Ces nouvelles enseignes s’installent principalement autour de la place Verte, au pied de la rue de la Montagne, et au carrefour formé par la rue de la Montagne et le boulevard Audent récemment tracé.

« Maison Colard - A la Ville de Charleroi»

La maison J.N. Colard située à Bruxelles ouvre sa succursale de Charleroi au coin de la rue Dupret et de la place Verte en mai 1851, sous l'enseigne « A la Ville de Charleroi ». L'encart publicitaire de 1851 renseigne que l'établissement spécialisé dans la confection est "monté à l'instar des meilleures maisons de confection de Paris et de Londres".

« Grands Magasins Raphaël » 

L'Alsacien Raphaël Gugenheim fait construire en 1880 le grand magasin éponyme, au coin de la rue de la Montagne et du nouveau boulevard central (Yser / Audent). Les magasins Gugenheim seront totalement détruits en 1914 lors de l'arrivée des allemands.

« Bon Marché / Grand Bazar de la Bourse »

Le « Bon Marché » de Bruxelles s’installe sur les conseils de Nicolas Thiéry en 1875 place Verte à Charleroi dans les bâtiments jouxtant un autre magasin : le « Grand Bazar de la Bourse ». Dès 1878, les plantureux bénéfices du « Bon Marché » de Charleroi permettent à la maison-mère de Bruxelles de s’agrandir et de s’embellir. En 1886, le « Bon Marché » de Charleroi devient la maison-mère de succursales fondées en Lorraine et en Franche-Comté.

En 1919, le magasin de Charleroi devient la propriété d'Emile Crowet, exploitant le « Grand Bazar de la Bourse » voisin. En 1933, Joseph André construit un nouvel immeuble pour le « Grand Bazar de la Bourse », sur l'emplacement occupé précédemment par le Bazar et le « Bon Marché ».

Le « Bon Marché » de Bruxelles s’intéresse à nouveau à Charleroi dans les années 50, et prend des parts dans le « Grand Bazar de la Bourse ». En 1959, l’enseigne de la place Verte redevient « Au Bon Marché ».

En 1969, les groupes concurrents de « L’Innovation » et du « Bon Marché », à bout de souffle, fusionnent pour créer « Inno-BM ». Cinq ans plus tard, « GB Entreprises » fusionne à son tour ; le puissant « GB-Inno-BM » voit le jour en 1974.

Il ne faudra plus longtemps pour que à Charleroi, comme partout, les magasins du « Bon Marché » ferment définitivement leurs portes, au profit de l’enseigne « L’Innovation ».

Le bâtiment de Joseph André retrouve une affectation au rez-de-chaussée, en accueillant de nouveaux commerces. En février 2014 cependant, l’ancien immeuble est abattu pour faire place au centre commercial « Rive Gauche ».

« A l'Innovation »

L’enseigne bruxelloise des frères Bernheim « A l’Innovation » s’établit en bord de Sambre en 1900 (Gazette De Charleroi, 02/09/1900). Le magasin carolorégien connaîtra un important succès, s’agrandissant aux immeubles voisins. Rebâti dans les années 50 à front de boulevard Tirou, et annexant les immeubles de ses concurrents, il occupe toujours aujourd’hui son emplacement originel.



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