Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
Désireux depuis longtemps déjà d’établir un monastère à Charleroi, le Carmel de Tournai est finalement autorisé à s’implanter dans la cité sambrienne en 1853. La communauté religieuse ne tarde pas à partir à la recherche d’un lieu pouvant abriter les Sœurs. La ville de Charleroi est alors toujours ceinturée par des remparts et doit faire face à un manque important d’espaces permettant son épanouissement ; la région connait un développement industriel sans précédent, et nombreux sont ceux qui souhaitent s’y établir. A l’intérieur de la forteresse, le moindre terrain est source de convoitise…
Les maisons qui remplacent le Carmel de la rue de Montigny |
Après plusieurs visites à Charleroi, les Carmélites finissent par identifier une maison, rue de Montigny, pouvant abriter la communauté religieuse ; le bâtiment n’est sans doute pas le plus adéquat, mais il est situé en plein cœur du centre-ville. Un bail locatif est signé, et une nouvelle communauté destinée à s’implanter à Charleroi est créée : elle se compose de cinq Sœurs issues du Carmel de Tournai, et de quatre Sœurs issues de celui de Mons. Le 25 septembre 1854, les Sœurs arrivent rue de Montigny et prennent possession du bâtiment.
Le bâtiment s’avère cependant vite inadapté à la vie de la communauté. Deux bâtiments voisins sont acquis pour y emménager ; ils occupaient l’emplacement d’un ancien relais de diligences, exploité par Madame Dulait-Magotteau. Des travaux sont effectués en 1857 afin de donner au lieu un caractère plus monastique.
La communauté reçoit également l’autorisation d’ériger un véritable Carmel, avec ses dortoirs et ses cloîtres ; un appel est lancé aux donateurs, et un emprunt souscrit. La première pierre du Carmel de Charleroi est posée le 5 juin 1861 ; cette pierre est toujours visible aujourd’hui dans la cour arrière d’un bâtiment de la rue de Montigny. On peut y lire « La Révérende Mère Stanislas du Sacré-Cœur de Marie étant Prieure de ce couvent a posé cette première pierre le 5 juin de l’année 1861 ». En quelques années, le lieu se transforme en un véritable couvent ; une chapelle et une habitation pour les moniales sont érigées ; un clocher est également édifié ainsi que deux ailes supplémentaires. Au centre prend place une modeste cour intérieure de 25 mètres, formée par les quatre ailes du Carmel. Ce bâtiment se situait à proximité du coude formé par la rue de Montigny. La communauté religieuse de Charleroi est désormais bien implantée à la Ville-Basse. Le nombre de Sœurs augmente, et en 1875, des Carmélites carolorégiennes partent fonder une nouvelle communauté à Ath.
L'intérieur de la chapelle de Mont-sur-Marchienne (centre). Détail d'une carte postale ancienne, édition E. Leloup |
Vingt ans après sa construction, le Carmel de Charleroi nécessite des travaux de restauration. Victime de dégâts miniers, certains travaux deviennent urgents. Les religieuses ne pourront cependant pas se lancer dans la restauration du Carmel ; compromis dans une faillite, le propriétaire officiel des lieux doit les mettre en vente. Le 1er juin 1886, le site change de propriétaire. Les Carmélites ne disposent pas des fonds nécessaires au rachat de leur couvent ; elles apprennent peu de temps après le souhait du nouveau propriétaire de prendre rapidement possession du bien. Les Carmélites de Charleroi doivent repartir à la recherche d’un nouvel emplacement répondant aux besoins de la communauté, à Charleroi même ou dans sa périphérie proche.
L’ancien château de Charles Nice, directeur des usines de Zône, est rapidement remarqué, à proximité du centre de Mont-sur-Marchienne, place du Wez ; le site se compose de quelques bâtiments, mais surtout, d’un vaste terrain. L’endroit répond aux besoins des Sœurs, et la vente est conclue le 22 juin 1886. Le déménagement des Sœurs de Charleroi vers Mont-sur-Marchienne se déroule le 2 juillet ; tout ce qui peut être emporté l’est, des meubles jusqu’aux cloches. En parallèle, les Sœurs demandent à l’architecte bruxellois Emar Collès de transformer et d’ériger sur le site un vaste Carmel en briques, dans un style néogothique.
Le Carmel de Mont-sur-Marchienne, dans les années 50 |
Rue de Montigny, le nouveau propriétaire ne tarde pas à faire démolir la chapelle et la majorité des bâtiments ; les annexes arrières sont néanmoins conservées. Sur l’espace libéré, de belles maisons de maître sont bâties. Il reste encore toujours aujourd’hui, à l’arrière des maisons situées aux numéros 13 et 21, deux annexes originelles du Carmel, conservant quelques témoignages de ce passé.
A Mont-sur-Marchienne, les Sœurs prennent possession de leurs cellules en août 1888. L’ancienne demeure qui s’élevait sur le site est abattue ; les travaux de construction du Carmel se poursuivent lentement, dépendant des ressources financières et des dons faits à la communauté. En 1901, la chapelle est terminée ; le chœur est consacré, marquant la fin de la construction du site après 15 ans de travaux. De l’ancien château de Charles Nice, il ne reste plus que les écuries, et deux escaliers de pierre, démontés et réutilisés dans le Carmel.
La communauté vit paisiblement, cloitrées dans ses murs, se consacrant à la prière. La vie quotidienne s’articule autour du cloître, au centre du couvent ; les Sœurs vivent recluses, retirées du monde extérieur. Cette quiétude n’est troublée que par les deux guerres mondiales ; la nuit du 14 novembre 1918, les vitres sont soufflées par l’explosion de trains de munitions, provoquée par les allemands en fuite ; le chœur de la chapelle est profondément endommagé. En 1943, une cloche est réquisitionnée par les allemands ; les bombardements alliés provoquent quelques dégâts mineurs aux bâtiments en 1944.
L'intérieur de la chapelle de Mont-sur-Marchienne, salle du Musée de la Photo |
Au début des années 1970, les Carmélites ne sont plus que douze à Mont-sur-Marchienne ; la communauté finit par ne plus pouvoir assumer les charges du monastère. Les Sœurs décident alors de vendre le bâtiment, et font construire à la limite avec Montigny-le-Tilleul un Carmel plus modeste, au Gadin, rue Bois d'Airemont. La commune de Mont-sur-Marchienne devient propriétaire de l’ancien Carmel en 1973 ; les Sœurs y restent jusqu’à leur déménagement au Gadin en 1975.
L’ancien Carmel situé au centre de Mont-sur-Marchienne devient propriété de la ville de Charleroi, suite à la fusion des communes de 1977. Divers projets de réaffectation sont envisagés, et, en 1986, les bâtiments deviennent propriétés de la Communauté française. L’année suivante, le Musée de la Photographie s’installe sur le site. Depuis 1978, l’asbl « Photographie Ouverte » organisait à Charleroi des expositions de qualité dans une galerie de la rue Léon Bernus. D’acquisition en acquisition, un véritable musée photographique finit par naître.
Le cloître du Musée de la Photo |
En avril 1987 le Musée de la Photographie prend possession du Carmel. En 1995, d’importants travaux sont entrepris afin de permettre au musée de remplir pleinement ses missions d’accueil, d’exposition et de conservation du patrimoine photographique. En juin 2008, une aile moderne est érigée à côté de la chapelle ; le musée de Charleroi devient le plus grand musée d’Europe consacré à la Photographie, et ceci, dans un lieu unique.
Les Carmélites restent au Bois d'Airemont jusqu’en septembre 2001 : n’étant plus composée que de quelques Sœurs, la Communauté est finalement dissoute. Les Sœurs rejoignent d’autres monastères, marquant la fin de la présence de Carmélites à Charleroi et à Mont-sur-Marchienne. Le site du Bois d’Airemont est mis en vente, et est aujourd’hui occupé par un établissement d'hébergement et de suivi socio-éducatif pour jeunes.
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