Histoire(s) & patrimoine de Charleroi |
Le site de Soleilmont reste lié à de multiples légendes découlant de rites anciens. Durant l’Antiquité, les populations de nos régions venaient adorer à un endroit élevé aux confins de Gilly le dieu soleil. Selon la légende, ces pratiques religieuses finirent par désigner le nom de l’endroit : « Soleilmont ». L’expansion du christianisme fait disparaître ces rites, et une communauté religieuse y fonde, selon la tradition en l'an 1088, une abbaye.
Des Nutons (Nutons : carte de voeux allemande, c. 1926) |
La présence de l'abbaye n'empêche pas certains rituels de perdurer : le « Noir-Dieu », situé à l’ouest de l’ancienne abbaye, est un lieu de sabbats, tout comme les environs de l'Ermitage Saint-Barthélemy au nord de l'abbaye. Entre le Noir-Dieu et l’abbaye se situait un vaste bois aujourd’hui disparu. C'est là qu'un jour, des petits êtres mystérieux firent leur apparition : les Nutons.
Mesurant entre 30 et 40 centimètres, les Nutons avaient l'apparence de petits êtres humains. Certains étaient beaucoup plus âgés que d'autres, mais tous avaient l’air vieux. Ils vivaient en harmonie avec les hommes, mais ne s'exprimaient jamais en leur présence, à l'écart des villages, dans de petites grottes, dans des trous, des failles et des tanières creusées à flanc de coteau. Les Nutons ne sortaient qu'à la nuit tombée, si bien que si les humains connaissaient leur existence, ils ne les côtoyaient presque jamais. Ils fondaient leur famille au sein de leur communauté, bien que certains préféraient parfois s’amouracher d’une fille d'un village voisin plutôt que d’une Nutonne. Dans de rares cas, ils allèrent jusqu’à enlever la belle villageoise... Mais les Nutons gilliciens semblaient relativement posés...
Les Nutons étaient fort nombreux et formaient différentes communautés installées aux quatre coins de la région. Ils laissèrent des traces de leur existence notamment à Loverval, Villers-Poterie, Godarville, Aiseau, Presles et Jumet. A Gilly, le lieu qu’ils occupaient fut surnommé le « Mont des Nutons » par les locaux.
Considérés par certains comme de petits diables essayant de détourner les chrétiens de leurs croyances, ces petits êtres ne jetaient aucun maléfice et ne faisaient tort à personne. Ils furent dès lors rapidement considérés par la majorité comme pacifiques, mais il fallait cependant se garder de les vexer ou de les provoquer.
Les Nutons avaient une grande qualité : ils étaient serviables. Ils mettaient naturellement leurs talents au service des humains, moyennant une petite contribution en nature. Excellents ouvriers, métallurgistes, tisserands ou encore cordonniers, il suffisait de déposer près de leurs grottes un objet à réparer, ou toute autre tâche à réaliser, et de laisser quelques victuailles en remerciement pour le service à accomplir. Le lendemain, la tâche était effectuée avec excellence.
Les Gilliciens venaient déposer à la tombée de la nuit un couteau à aiguiser, des chaussures à ressemeler, un outil à réparer, et laissaient en contrepartie un pain, du lait, un fromage, des œufs ou un peu de viande. Les Gilliciennes venaient déposer leurs mannes de linge à laver et à plier, des vêtements à raccommoder. Dès le lendemain à l’aube, les villageois venaient rechercher le linge nettoyé et repassé, les vêtements raccommodés, les couteaux aiguisés, les outils réparés. Les Nutons adoraient s’occuper du bétail et des chevaux, et il leur arrivait parfois de rentrer d'initiative une récolte laissée dehors et menacée par un orage. En dehors de ces corvées, ils gagnaient les champs et y dansaient la nuit entière.
Cette douce harmonie fut cependant brusquement rompue. Quelques humains les provoquèrent par méchanceté. Ils obstruèrent plusieurs entrées de grottes ou déposèrent des pains cuits contenant des cendres et de la terre. Certains allèrent jusqu'à se satisfaire devant leurs habitats ou à batifoler dans leurs bois. Il n'en fallait pas plus pour les vexer : ils se renfermèrent sur leur communauté et finirent par ne plus jamais se montrer. Ils délaissèrent les corvées et les offrandes que certains laissaient encore. Un jour, ils finirent par quitter la région, délaissant leurs trous et tanières.
L'industrialisation et l'urbanisation de la région effaça la grande majorité des traces de leur passage. Au XIXième siècle, le bois où ils vivaient fut défriché. Le cimetière de Gilly est aménagé sur le site, et plus tard le crématorium de Charleroi. Seul le nom d’une voirie rappelle aujourd'hui l’emplacement de l’ancien « Mont des Nutons »…
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