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Boulevard Defontaine


Le boulevard Defontaine fut tracé après 1870 sur les terrains rendus vierges suite au démantèlement des fortifications. Cette nouvelle artère ceinture avec trois autres voiries le cœur de la Ville-Haute, centre historique de la forteresse fondée en 1666. Logiquement, le boulevard prend durant un temps le nom de boulevard de l’Est. Trois rues relient directement le cœur de la Ville-Haute à la partie sud du boulevard (rues Vauban, du Gouvernement, d’Orléans). Boulevard de l’Est, il devient un temps boulevard de l’Intérieur. Le 29 mars 1890, les autorités communales décident de le rebaptiser en mémoire de feu Alfred Defontaine.

Boulevard Defontaine, face au Parc (carte postale ancienne, Edition Moderna)

Alfred-Hyppolite Defontaine est né à Mons le 22 décembre 1828. Avocat de formation, docteur en philosophie et lettres, il devient rapidement notable de Charleroi, où il s’est installé avec son épouse Louise-Adrienne Grossot de Vercy.

Alfred Defontaine enseigne au Collège communal de Charleroi. Il se lance en politique, et est élu conseiller communal le 29 octobre 1878. Entre 1879 et 1885, il devient échevin de l’Instruction publique. Particulièrement intéressé par le savoir et l’enseignement, Defontaine s’implique fortement dans le développement de diverses structures éducatives de Charleroi, et ce, à tous les degrés : écoles primaires, moyennes et athénée, écoles industrielles, académie de musique. Alfred Defontaine décède à Charleroi le 7 mars 1890.

Le boulevard Defontaine va se border sur sa partie sud de belles demeures et hôtels de maîtres. Si la presque totalité de ces bâtiments a aujourd’hui disparu pour laisser place à des immeubles à appartements, quelques façades anciennes se dressent toujours sur le boulevard, dont l’une des plus belles de Charleroi. La « Maison Dorée » fut érigée en 1899 par l'architecte Alfred Frère, au coin du boulevard Defontaine et de la rue Tumelaire. L’immeuble est le premier de type Art Nouveau à Charleroi. Sa dénomination provient du magnifique sgraffite réalisé par Gabriel Van Dievoet qui décore la façade côté boulevard. Au centre du sgraffite, les lettres C et O s’entrecroisent ; elles sont les initiales de Chrusous Oïkos, maison dorée en Grec. Le bâtiment a été racheté en 1999 par la ville de Charleroi, et héberge actuellement la Maison de la Presse.

Sgraffite de la Maison Dorée

Le bas du boulevard est bordé depuis 1883 par le parc communal de Charleroi, actuel Parc Reine Astrid. Cet espace vert à l’anglaise résulte d’une convention passée avec l’Etat en 1873 en raison du démantèlement des fortifications. Il fut dessiné par l’architecte communal Cador et l’architecte paysagiste Duquesne. En bordure du parc, le long du boulevard, se trouve depuis 1951 un mémorial unique ; il n’en existe en effet que deux autres de la sorte, l’un à Bruxelles et l’autre à Lille. Inauguré le 11 novembre 1951, le monument, œuvre d’Alphonse Darville, rend hommage au Pigeon soldat. Durant les derniers conflits armés, les pigeons ont en effet été utilisés pour transmettre des messages et réaliser des photographies aériennes. Certains pigeons ont été décorés, comme notamment le pigeon Vaillant. L'originale de la petite statue en métal a malheureusement aujourd’hui disparu et a été remplacée par une copie.

Le haut du boulevard présente un aspect plus sévère. Face à l’ancienne plaine des manœuvres, la façade de l’Athénée Royal Vauban s’étale sur plus de cent mètres. Ancienne « Ecole Moyenne de l’Etat pour demoiselles » dont les origines remontent à 1831, les bâtiments furent érigés en 1882 par l’architecte Legraive. Après le bâtiment se situait jusqu’au début des années 1930 un petit jardinet, aménagé vers 1894. C’est sur cet emplacement que fut érigé en 1932 le Conservatoire de Musique, par l’architecte Quinaut ; ce bâtiment abrite aujourd’hui la section primaire de l’Athénée Vauban. C’est également dans cette structure que se situa un temps la bibliothèque publique de Charleroi. Une bombe incendiaire tomba sur les lieux en mai 1944, mais son effet fut rapidement maitrisé.

Ecole Moyenne pour filles, actuelle Athénée Vauban (carte postale ancienne, Edition François Bertrand)

Sur le haut du boulevard, à la jonction avec le boulevard Janson, se situe depuis 1886 l’Ecole Cobaux, ancienne école primaire du Centre, destinée aux garçons. Victimes de mouvements miniers et menaçant de s’effondrer, les bâtiments furent démolis fin des années 50 afin de laisser place à une structure plus moderne. Le nouveau groupe scolaire fut inauguré le 16 octobre 1961.

Fondée en 1872 grâce au fonds déjà existant de la Bibliothèque Populaire, la bibliothèque communale de Charleroi est installée à ses débuts dans les locaux de l’Hôtel de Ville. Elle enregistre alors un peu moins de 6.000 prêts sur l’année. Installée un temps dans le Conservatoire de Musique, la bibliothèque dispose de locaux spécifiques depuis le 25 novembre 1963. La nouvelle bibliothèque (Rimbaud) rencontre rapidement le succès ; des baisses de fréquentation sont constatées dans différentes régions du pays, mais la bibliothèque de Charleroi connaît l’effet inverse. Les carolorégiens ont aujourd’hui accès à un catalogue de plus de 600.000 ouvrages, répartis sur le territoire de la ville.

Face à l’Ecole Cobaux et à la Bibliothèque Rimbaud se situe l’ancienne plaine des manœuvres, devenue en 2015 Parc Jacques Depelsenaire. Le site accueille aujourd’hui le Palais de Justice et son extension.

Les deux lions près du Palais de Justice

L’ancien Palais de Justice menaçant ruine, un nouveau Palais est érigé sur la partie sud de la Plaine par l’architecte Jacques Depelsenaire à partir de 1958. Après diverses péripéties retardant le chantier, l’inauguration officielle du nouveau Palais se déroule en 1969. Les deux lions Totor et Tutur, qui ornaient l’entrée de l’ancien Palais au boulevard Audent, déménagent également et prennent place dans un petit square accessible par le boulevard Defontaine, à proximité du nouveau Palais.

A proximité des deux lions, l’Institut National du Verre (INV) entre dans ses nouveaux bâtiments en 1967, également dus à Depelsenaire. Créé en 1947 afin de promouvoir le développement et la recherche fondamentale et appliquée au profit de l’industrie verrière, l’INV était jusqu’alors hébergé rue Dourlet. Des halls d’essais semi-industriels sont également érigés à front du boulevard Defontaine. Outre des bureaux, le bâtiment abrite des laboratoires, une bibliothèque, une salle de congrès et de conférences. Un Musée du Verre s’y développe également ; il est inauguré en 1973, notamment grâce à la collection de Raymond Chambon, cédée à la ville de Charleroi en 1966.

Fin des années 90 cependant, la Justice manque de place dans son Palais, et l’idée de transformer les bâtiments de l’Institut National du Verre en annexe du Palais de Justice commence à faire son chemin. Après plusieurs années de réflexion, l’Etat fédéral, propriétaire des lieux, décide la transformation du bâtiment ; l’INV est prié de quitter ses bureaux. Le Musée du Verre quitte les lieux en 2002 ; il est installé sur le site du Bois du Cazier depuis 2007. Les pièces qui y étaient présentées par la Société royale d'archéologie, d'histoire et de paléontologie de Charleroi n’ont aujourd’hui toujours pas retrouvés de lieu d’exposition.

Entre 2006 et 2010, d’importants travaux sont menés pour transformer l’INV en nouveaux locaux destinés à la Justice ; le « Palais du Verre » est inauguré en 2010. Les abords du bâtiment sont également redessinés. Un parc rendant hommage à l’architecte du Palais de Justice et des anciens bâtiments de l’Institut National du Verre est inauguré en 2015. Le boulevard Defontaine est depuis bordés par deux parcs dans le centre de Charleroi : le Parc Reine Astrid, et le Parc Jacques Depelsenaire.



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