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Les terrils, témoins de l'activité minière devenus poumons verts


Terril des Hiercheuses à Marcinelle

Un terril, c'est avant tout le témoignage d'une activité économique, qui fut jadis prospère dans nos régions. Les terrils constituent aujourd’hui un élément précieux du paysage carolorégien et de son patrimoine historique minier. En 1984, le Roton ferme ses portes à Farciennes, près de Charleroi. Il n’y a désormais plus de charbonnages en activité en Wallonie. Les anciens charbonnages et infrastructures minières presque totalement disparus, les terrils sont les derniers témoins directement visibles de la mémoire industrielle. Les terrils ne sont plus aujourd’hui uniquement des symboles d’une industrie disparue, mais sont devenus également des repères au cœur des quartiers et des lieux de loisirs.

Le terril en lui-même n'est qu'un simple amoncellement de déchets (les « stériles », sous-produits de l'exploitation minière) remontés de la fosse en même temps que le charbon, provenant du creusement des puits et des galeries de mines. La matière était triée en surface, le charbon utilisé à différentes fins, et le reste, stocké sous forme d'amas, formant des terrils.

Les premiers terrils étaient plats ou formaient de petits monticules, les résidus étant acheminés sur le terril par la force humaine ou chevaline et dès lors limités en hauteur. A partir du XVIIIième siècle, leur volume commence à augmenter et ils prennent une forme allongée ou bombée. Par la suite, l'espace commençant à manquer à proximité des puits et les techniques devenant de plus en plus performantes, les déchets sont acheminés au sommet du terril via une sorte de téléphérique, qui y déversait le contenu des berlines (wagonnet de mines) ; les terrils formés au XXième siècles sont gigantesques. Le Boubier est le plus grand terril du Pays de Charleroi : sa hauteur est d'environ 120 m, et il culmine à 266,6 m d'altitude.

Terril des Piges

Situés au cœur ou à proximité immédiate des quartiers, les terrils sont rapidement appropriés par la population. Toujours en formation, ils sont fréquentés par certains afin d’y ramasser des restes de charbon pour un usage personnel. Les enfants y grimpent et y jouent, dévalant les pentes sur des couvercles de casseroles.

Si les terrils se forment et envahissent le paysage, certains disparaissent également ; les premiers terrils contiennent souvent des ressources minérales qui peuvent être valorisées. Ils renferment encore une grande quantité de charbon, les méthodes de tri les plus anciennes n'étant pas encore suffisamment efficaces. L'évolution des techniques permet parfois de les exploiter à nouveau ; le charbon récupéré est principalement utilisé par le centrales électriques et les cimenteries. D'autres éléments pouvant être réutilisés, tels que le schiste noir et le schiste rouge, sont utilisés pour les remblais, les terrains de sports, des chemins,… En Région Wallonne, les terrils sont aujourd’hui classés en différentes catégories, en fonction qu’ils puissent ou non être encore exploités, parfois moyennant une investigation complémentaire. Certains terrils sont également classés comme sites et ne peuvent dès lors plus faire l'objet d'une quelconque exploitation. Cette nouvelle exploitation permet libérer plusieurs hectares de terrains, à nouveau disponibles pour accueillir de nouvelles constructions. C'est sur l’emplacement d’un ancien terril du charbonnage du Mambourg que sont ainsi nés à Charleroi notamment le complexe cinématographique Carollywood, et le centre commercial Ville2.

Terril des Piges, vue vers Charleroi

Tous les terrils ne sont cependant pas exploités ; certains terrils se sont mués en sites semi-naturels plus qu’intéressants, abritant un biotope propre ; ils se trouvent une nouvelle vie et se transforment en lieux de promenade et de divertissement. Certains terrils sont même classés, comme par exemple les Terrils du Martinet à Roux depuis le 9 avril 1996. Le temps passant, les terrils se sont recouverts de manière naturelle ou via intervention humaine de verdure et d'arbres, créant un biotope spécifique.

Si la nature a conquis les terrils, les humains également. Les Terrils du Martinet à Roux ont été replantés par les habitants du quartier, avec l'aide de l'architecte-paysagiste Capart dans les années 1950. Ils sont depuis devenus une réserve semi-naturelle, où l'on trouve des espèces, tant animales que végétales, hors du commun dans nos régions. Criquets, lézards des murailles, rapaces,… viennent vivre dans ce microclimat créé par l'Homme. A Charleroi, les terrils occupent aujourd’hui une place importante ; leur étendue représente 5,5 % de la superficie du territoire, soit plus de 500 hectares. Le terril, offrant une aire de promenade mais faisant également barrage aux intempéries, est souvent considéré comme un repère au sein d'un quartier, et protégé par ses habitants lorsque différents projets le menace. Ce fut notamment le cas lors de la construction du métro de Charleroi près du terril des Piges à Dampremy. Le terril est finalement conservé, et un tunnel est creusé sous le terril afin de le préserver.

Terril des Hiercheuses

Les terrils font aujourd’hui partie de la vie de la ville et de son patrimoine. Des excursions y sont organisées dans des buts touristiques ; des chemins balisés permettent de suivre une « route des terrils ». Certains, comme au Bois du Cazier, sont aménagés afin d’en faciliter l’ascension. A Marcinelle, le terril des Hiercheuses accueille chaque année un pique-nique évènementiel, organisé par l’asbl Rafales. A Trazegnies, c'est en vignoble que s'est transformé le terril situé rue de Piéton dans la commune de Chapelle-Lez-Herlaimont. Trois mille pieds de vignes (Pinot Noir, du Gamay, du Pinot Gris, du Riesling et du Müller Thurgau) sur 18 hectares produisent chaque année du vin vendu au bénéfice de l'asbl Les Amis du Château de Trazegnies, permettant de restaurer le château de Trazegnies, et ce, depuis 1964.



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