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Le Caporal Léon Trésignies


Léon-Jules-Joseph Trésignies est né à Bierghes (Rebecq) le 26 mars 1886, fils de Pierre-Joseph Trésignies et de Marie-Thérèse Ricou. Il est le troisième d’une famille de cinq enfants. Son père exerçait la profession de chef-piocheur sur la ligne ferroviaire reliant Bruxelles à Enghien. En 1890, Pierre Trésignies est désigné pour s’occuper d’une autre section de la voie ferrée, au départ de la gare de Bruxelles-Midi. Toute la famille déménage alors pour Drogenbos, où Marie-Thérèse Ricour devient garde-barrière.

Le Caporal Léon Trésignies

Léon Trésignies effectue ses études primaires à l’école communale de Drogenbos. Il ne peut poursuivre cependant longtemps ses études ; en 1894, son père est victime d’une crise d’apoplexie. Dans les mois qui suivent, les deux fils aînés du couple décèdent également. Malade du cœur, Marie-Thérèse Ricour doit s’occuper seule de ses trois enfants, Léon, Félix et Rosine. Etant l’aîné, Léon arrête ses études après sa première communion et entre dans le monde du travail ; il devient porteur d'avis à la gare de Forest-Sud. Marie-Thérèse Ricour survit de neuf ans à son époux ; elle décède en 1905. Léon Trésignies quitte son emploi aux chemins de fer et entre aux usines Pathé, à Forest, où le salaire est plus élevé ; il peut de la sorte venir en aide à son frère et à sa sœur.

En 1906, âgé de 20 ans, Léon Trésignies doit participer au tirage au sort, désignant les hommes appelés à servir dans l’armée. Léon tire le « bidet », c’est-à-dire le premier nombre du contingent de futurs soldats appelés. Le 15 juin, Léon Trésignies est affecté au 2e régiment de Chasseurs à Pied, caserné à Mons ; il rejoint le régiment le 16 novembre suivant. Il effectue son service, et reçoit son congé en novembre 1909.

Après son service militaire, Léon Trésignies retourne dans la région bruxelloise et décide de reprendre son poste aux usines Pathé. Il y rencontre Catherine Verniers, qui devient son épouse en 1910. Le couple a un enfant, Félix.

Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier du trône austro-hongrois, trouve la mort à Sarajevo dans un attentat perpétré par un nationaliste serbe, Gavrilo Princip. Encouragée par l’Allemagne, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre au Royaume de Serbie le 28 juillet 1914. Cette déclaration de guerre entraine l’activation d’une série d’alliances entre les puissances européennes ; la Première guerre mondiale va plonger le monde dans un chaos sans précédent.

Le 2 août 1914, l’Allemagne lance un ultimatum à la Belgique lui demandant de laisser passer son armée sur le territoire belge afin de gagner la France ; la Belgique refuse. Les allemands déclarent la guerre à la France le 3 août, et le 4 août à la Belgique.

Début août 1914, Léon Trésignies reçoit son ordre de mobilisation ; il rejoint Kontich, au sud d’Anvers.

Monument à Trésignies, à Pont-Brûlé, à l'endroit où il fut abattu

Bien que ne disposant que de peu d’hommes, la Belgique résiste et ralentit l’avancée des allemands, permettant aux troupes françaises de s’organiser. Cependant, la Belgique est dans de nombreuses régions à feu et à sang ; les troupes allemandes massacrent des civils et boutent le feu à des rues entières. La région de Charleroi n'y échappe pas ; le 22 août, Charleroi est en feu. Anvers et la côte échappent encore à l'invasion ; les troupes militaires se retranchent dans la région, dans le « Réduit national ».

Le 25 août 1914, un peloton du 2e régiment de Chasseurs à Pied est chargé de se diriger vers Pont-Brûlé, petit village situé près de Grimbergen et Vilvorde sur le canal de Willebroeck. Le régiment est chargé d’y traverser le canal ; Léon Trésignies est parmi eux. Le Commandant décide que ses troupes traverseront le canal le lendemain, de bonne heure, en empruntant le pont-route. Les allemands, qui se trouvent à proximité, ont cependant bloqué l’ouvrage, laissant le pont en position ouverte. La seule solution est d’abaisser le pont, mais le mécanisme permettant de le manœuvrer se situe sur l’autre rive.

Trésignies se porte volontaire pour traverser le canal à la nage et tenter d’abaisser le pont ; il se déleste et se jette à l’eau. Son chef de peloton lui aurait crié « Trésignies, au nom du colonel, je vous nomme caporal ! ». Arrivé sur l’autre rive, Léon Trésignies atteint la roue manivelle permettant d’abaisser le pont ; les allemands n’ont pas encore aperçu sa présence. Trésignies entame sa manœuvre, et, dans un premier temps, se trompe ; il continue de faire monter le pont. S’apercevant de son erreur, il actionne alors la manivelle dans le sens contraire. Mais les troupes ennemies viennent de l’apercevoir ; des coups de feu claquent, et Léon Trésignies s’écroule, touché à la poitrine.

De chaque côté du canal partent des coups de feu et de mitrailleuses ; un obus vient éclater au milieu du canal. Ailleurs dans le pays, les troupes Alliées reculent ; les Chasseurs à pied savent que leur présence à Pont-Brûlé n’a que pour but de retarder les allemands. Le 26 dans la matinée, ordre est donné de se replier vers le nord et d’abandonner Pont-Brûlé.

La dépouille de Léon Trésignies est mise en terre le 27 par les allemands, dans une fosse commune. Dans les jours suivant, Trésignies est fait Caporal à titre posthume. Les moyens de communication fortement perturbés, son épouse n’apprendra son décès qu’en mars de l’année suivante.

Monument à Trésignies, à Charleroi

En 1915, le corps de Trésignies est exhumé et placé dans un cercueil en présence de ses proches. Sa dépouille repose aujourd’hui avec d’autres militaires, dont de nombreux autres du 2e Chasseurs à Pied, dans un petit enclos sépulcral à l’arrière de l’église de Pont-Brûlé :

  • KESTELOOT Hendrik - 18 mars 1886 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • DE HAEN Alfred - 25 avril 1891 -  26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • GHILLEWE Gentiel - 28 novembre 1891 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • DENEUBOURG Leopold - 8 janvier 1888 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • PANNEKOEK Renaat - 3 mai 1886 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • VANDEWOUDE Edmond - 28 juillet 1889 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • GOOSENS Franciscus - 16 janvier 1893 - 13 septembre 1914 - 1er Régiment de Ligne
  • DE PAUW Honorius - 17 novembre 1888 - 12 septembre 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • TRESIGNIES Léon - 26 mars 1886 - 26 août 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • VAN GEEM Urbain - 2 juillet 1893 - 13 septembre 1914 - 1er Régiment de Ligne
  • RIDREMONT Henri - 7 décembre 1893 - 13 septembre 1914 - 1er Régiment de Ligne
  • DEBROUX Jean - 22 février 1886 - 26 octobre 1914 - 2e Chasseur à Pied
  • Ainsi que huit autres soldats, inconnus.

Trésignies devient au lendemain de sa mort un héros national ; de nombreux hommage lui sont rendus à travers le pays. A Mons, Forest, Bierghes et Pont-Brûlé, des rues et une place portent son nom. Un mémorial est érigé à Pont-Brûlé à l’emplacement où il trouva la mort.

Léon Trésignies n'a jamais été caserné à Charleroi ; pourtant, sa mémoire y est honorée. Le 2e régiment de Chasseurs à Pied fut créé en 1831. Dans un premier temps casernée à Tournai, la formation rejoint Mons en 1890 ; Trésignies y effectue son service militaire. Au lendemain de la Première guerre mondiale, le régiment s’établi à Charleroi, dans une caserne qui, pour honorer la mémoire de l’un de ses hommes, prend le nom de Caserne Caporal Trésignies. Une plaque commémorative est également apposée sur le corps de garde de la caserne, près du porche d’entrée donnant sur l’avenue du Général Michel.


POUR Y ACCEDER

Monument à Léon Trésignies, à Charleroi
Avenue du Général Michel
6000 Charleroi

Métro Parc

Monument à Léon Trésignies, à Pont-Brûlé
Verbrande Brugsesteenweg
1850 Verbrande-Brug

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